Il a suffi d'une fois. Une seule mauvaise décision, partir, suivre un homme à Paris.Moe n'avait que vingt ans. Six ans après, hagarde, épuisée, avec pour unique trésor unnourrisson qui l'accroche à la vie, elle est amenée de force dans un centre d'accueil pourdéshérités, surnommé «la Casse».La Casse, c'est une ville de miséreux logés dans des carcasses de voitures brisées et posées surcales, des rues entières bordées d'automobiles embouties. Chaque épave est attribuée à une per-sonne. Pour Moe, ce sera une 306 grise. Plus de sièges arrière, deux couvertures, et voilà leurlogement, à elle et au petit. Un désespoir.Et puis, au milieu de l'effondrement de sa vie, un coup de chance, enfin : dans sa ruelle, cinqfemmes s'épaulent pour affronter ensemble la noirceur du quartier. Elles vont adopter Moe et sonfils. Il y a là Ada, la vieille, puissante parce qu'elle sait les secrets des herbes, Jaja la guerrière,Poule la survivante, Marie-Thé la douce, et Nini, celle qui veut quand même être jolie et danser.Leur force, c'est leur cohésion, leur entraide, leur lucidité. Si une seule y croit encore, alors il leurreste à toutes une chance de s'en sortir. Mais à quel prix?Après le magistral « Il reste la poussière», prix Landerneau Polar 2016, Sandrine Collette nous livreun roman bouleversant, planté dans le décor dantesque de la Casse.